Tout ce qui est excessif est insignifiant ?

Cette expression est souvent reprise, elle sonne juste, mais creusons un peu le sujet.  L’actualité nous donne mille occasions de le faire. 

Dialogue avec un jeune lycéen. 


Je vais prendre le cas concret d’un adolescent de sexe masculin et blanc de peau. Ce jeune s’intéresse aux choses publiques, aux choses de la vie aux débats politiques et sociétaux.   


Ce jeune n’est absolument pas raciste, plutôt  sensible à l’écologie, au respect de l’homosexualité,  contre les violences faites  aux femmes et  pour que leurs droits soient accrus. C’est dit. 


Cependant, il rencontre autour de lui, observe  et voit avec quelle véhémence  ces « droits des minorités » sont exposés, défendus et expliqués.  

  • Il me dit,  avec énervement que  ces luttes  souvent caricaturales  des « anti-racistes » patentés ont l’effet inverse car elles sont toujours dans l’accusation de l’autre. Elles stigmatisent. 
  • Il me dit aussi, que  les excès de langage anti hommes sont contre productifs  pour la cause homosexuelle.  
  • Il me dit encore que ce féminisme,  virulent qui ne fait que « culpabiliser »  voire « stigmatiser » tous les hommes est   dégueulasse à ses yeux. Qu’il clive les rapports humains entre jeunes. 
  • Il me dit que chez des jeunes de son âge  la reprise de cette tendance  aux interdits venus d’ailleurs, chez des jeunes qui se disent écolo-féministes-libertaires ( sic) 
  • Il ne supporte guère les manipulations politiques qui se cachent derrière ces postures de la manifestation permanente. Il me parle de ce qu’il nomme le rituel du samedi comme moyen d’expression  et n’y voit qu’agitation et clivages en cascade.  
  • Il me dit aussi,   que les rassemblements  suite à l’appel de Greta Thunberg perdent tout leur sens. Que les prises de paroles ne font qu’effleurer le sujet du « climat » au profit de toutes les  « revendications » de l’air du temps sur, le féminisme nommé « éco-féminisme », sur le patriarcat, sur le racisme, sur le genre, etc… Rien, rien me dit-il sur le réchauffement climatique au motif que tous les sujets sont écologiques.  Il ne comprend pas ces petits raccourcis. 
  • Il me dit aussi, lui fils d’ouvriers,  que les  orateurs et oratrices qu’il observe sont  issus des classes sociales supérieures. Qu’ils parlent du « climat » avec des beaux vêtements de marques, une téléphonie de pointe à gros budget.  Il voit  bien et me dit que ce sont  les futurs dirigeants du monde d’après, privilégiés aujourd’hui et demain à ses yeux. 

Bref, il  termine ses longues et rudes discussions avec moi qui résiste parfois devant ses petites colères contre eux, sur  ce que moi je ne voyais pas vraiment, que ces anti, ces gens là, ces activistes, produisent l’effet inverse de causes qui sont bien souvent justes au départ.


Retour sur le passé ! 


Je gamberge, je revois ma vie qui s’écoule, faite de luttes, de réflexions, d’actions concrètes. Le bilan est bien maigre eu égard aux besoins des plus pauvres, aux espérances pour lesquelles je me suis tant investi. Maigre surement, mais il est réellement concret. Pas verbal et littéraire. 


Je revois mes vingt ans et les souvenirs de ces établis qui voulaient nous persuader que la révolution était imminente avec mille et une  bonnes raisons sur les injustices sociales  qui existaient. Je ne mets pas en doute pour la majorité d'entre eux, leur sincérité militante. Ils y croyaient !  Le problème, c’est que jamais, absolument jamais ils n’ont dit, ont essayé de nous dire à nous les jeunes prolos,  qu’elle serait la société post-révolution. Quelle économie à la place du capitalisme, quelle gouvernance hormis les querelles  d’intellectuels  entre les thèses de Marx-Bakounine/Proud’hon, entre l’Etat ou les conseils ouvriers…Et ces sujets d’avant. Eux tous quasiment sont ensuite retournés à leurs études, à leur statut social.... 



Descente aux enfers avec cet activisme ? 


Les formes ont changées, les  rouge vif sont devenus rouge-brun-jaune-vert. Mais ou sont passés les espoirs d’une société qui partagerait les emplois résiduels utiles socialement et écologiquement que ne font pas encore les machines et les progrès technologiques ?   


  • Je ne crois pas aux vertus de la révolution par la consommation dans une économie  qui agit comme un déterminisme. 

  • Je ne crois pas qu’elle puisse surmonter ses contradictions internes dans un monde ou le salaire est lié à l’emploi salarié.  

  • Je ne crois pas à une transformation brusque de l’économie qui conduirait à autre chose  qu’un régime militaire à minima autoritaire. 

  • Je ne crois pas que les luttes menées que dénonce ce jeune adolescent soient de nature à nous conduire vers des lendemains qui chantent.  

  • Je ne crois pas à la  décroissance  sans une profonde explication de texte entre ce qui  est socialement et écologiquement utiles et ce  qui relèverait du superflu. 

  • Je ne crois que que ceux qui décideront de ce qui est une production « utile » soient d’autres que ceux qui ont et possèdent beaucoup, je ne crois pas que ceux qui sont en bas de l’échelle des revenus, aient la voix au chapitre. 

  • Je ne crois pas que le politique puisse  aller plus loin que  son rôle  de réformateur, de régulateur d’une économie qui le façonne. Une économie qui « produit pour vendre à profit contre un salaire » et fera le tri sélectif des choix de production dans une société qu’elle dirige. 

  • Je ne crois pas que nous devions pour autant abandonner les justes combats pour des réformes  sociales. 

Des réformes aux changements ! 

  • Je crois au contraire que la lutte pour un écrasement de la hiérarchie des salaires qui pénalise toujours ceux du bas de l’échelle est indispensable et que personne n’en parle.   L’ISF, le CAC40 sont des parapluies si utiles aux démagogues que ça évite de toucher au reste.
  • Je crois au contraire que nous devons reinterroger la finalité du travail, aller vers une dissociation  du salaire et de l’emploi salarié à travers des  objectifs de « sécurisation » des parcours professionnels et de vie tout au long de notre existence. Scolarité, apprentissage, emplois, formations, retraite,  ne devraient pas avoir de trous d’air dans les revenus. C’est ça la démarche réformiste que devrait conduire les syndicats, une démarche du « travailler tous, moins et mieux ».
  • Je crois dans les forces et la confiance restaurées du syndicalisme s’il se modernise. S’il revient vers ses fondamentaux que certains syndicats ont quitté, celui de l’entreprise lieu de production et de distribution, lieu essentiel du corps économique. 
  • J’y crois s’il sort du champ politique qui a transformé ces ex syndicats puissants en syndicalisme de rue, en complément des mouvements des partis de gauche, de toutes les nébuleuses qui pensent que  les solutions sortiront de « cette convergence des luttes »  Pensée qui est celle qui   contamine les jeunes lycéens qui  mobilisent à travers le climat. 

Pour conclure.

  • Je ne crois pas, je ne crois plus depuis bien longtemps à cet activisme, à ces agitations  qui servent électoralement les camps les plus populistes. Le camp politique des partis aux extrêmes, ou ceux qui sont les plus à droite de la droite de l’échiquier politique sortent électoralement vainqueur à coup sur de ces confusions en cascade que nourrissent aussi ces luttes.

En 1974, j’avais participé à l’écriture du livre de mon ami Joseph Pastor « En Retard d’un Révolution » Il s’adressait à la nébuleuse de l’extrême gauche post-68    dont nous disions qu’elle était sur la même voie de garage  que le PCF très puissant à l’époque et qu’elle combattait. 


Je pense la même chose aujourd’hui de cette nébuleuse gravitant autour de sujets plus sociaux que sociaux. Elle est en retard d’une révolution sur la révolution à faire. Je revendique le droit de ne pas être d'accord et de le dire. J'accepte les avis contraire de préférence les arguments aux insultes. 


Tant pis si une fois de plus,  en lieu et place du débat, quelques féministes en mal de bravo, auto-proclamées de gauche,  qui tout en étant profondément anti atlantisme, importent le terme de Boomers à mon endroit. Grand bien leur fasse avec ces insultes gratuites !  


Je leur retourne aimablement que nous aimions beaucoup le slogan « Cours Camarade le vieux monde est derrière toi » 

 

Malgré ça, ou en sommes nous ?    



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Génération maudite ?

Le Capitalisme est-il compliqué ?