Ces inversions sont-elles invisibles ?
Le cours d'une vie militante permet, si tant est que nous ayons une curiosité sans cesse en éveil et un minimum de doutes évitant d'avaler les discours des marchands de certitudes, d'observer les situation. Elles sont si visibles que je continue de me demander comment et pourquoi les adeptes du "fumeux" changer de logiciel sont si aveugles et de facto conservateurs.
Une fois de plus, je m'adresse à ma famille de pensée, à mon histoire, à ce qui a forgé mon parcours et mes interrogations permanentes.
Ma première inversion:
Pourquoi je parle "d'invisibles inversions" ?
Qui à gauche au début de la crise chronique du capitalisme s'est inquiété de l'inversion d'une vérité millénaire ou à partir de 1925-1930 nous allions dans les pays industrialisés produire de plus en plus avec de moins en moins de bras au travail ?
Personne ne s'est inquiété de cette nouvelle donne. Personne n'a vu les bouleversements en cascade provoqués par cette inversion capitale dans l'économie. Personne, mis à part quelques penseurs traités d'utopistes, classés dans le camp des "gens de droite" des ennemis de la révolution prolétarienne issue de la pensée du Marxisme-Lénninisme. Bannis, moqués, combattus, ils faisaient ces penseurs comme Jacques Duboin les choux gras des congrès du PCF et de la CGT ou Jean Baby et Jean Duret "leurs économistes " s'en donnaient à coeur joie pour fustiger tout ce qui ne faisait pas référence à une bible quasi intangible de la pensée.
Dans les rangs de ces militants, il y avait aussi des syndicalistes comme Joseph Pastor, Jules Godeau, Charles Loriant qui eux ont été plus sérieusement attaqués. Ils ne pouvait y avoir dans le mouvement ouvrier un autre discours, une autre analyse que le catéchisme qui les aveuglait. C'était alors intolérable à l'apogée d'une CGT ultra puissante et d'un PCF omniprésent.
Ne pas avoir vu les faits et cette inversion, ne pas en avoir tiré les enseignements nécessaires pour d'autres revendications, d'autres pratiques syndicales a été tristement préjudiciable pour toute la classe ouvrière alors à la remorque du politique.
Une seconde inversion :
Je vais me rapprocher du présent et parler d'une autre inversion. Une inversion très visible devant laquelle "la gauche" est encore impuissante pour y remédier. Elle préfère se cantonner à en accuser "les autres" ou à se déchirer elle-même.
L'électorat le plus pauvre, le prolétariat, la classe ouvrière votaient massivement à gauche. Des régions entières à l'image du Nord de la France votaient massivement pour le PCF identifié pompeusement comme étant le "parti des travailleurs". Les joutes électorales se faisaient toujours entre le PCF et le PS.
La gauche et sa horde d'intellectuels, penseurs indéflectibles de la vérité absolue, a d'abord nié que son électorat la quittait pour l'extrême droite de Jean Marie Le Pen et l'abstention. Elle préférait encore imputer à la désindustrialisation et au chômage la disparition de son électorat. En accuser le grand capital, le patronat et les gouvernements successifs. Un simplisme politique hallucinant.
La gauche est restée longtemps dans la négation de cette inversion historique. Inversion ou les plus pauvres se mettent à voter à la droite de la droite et ou les classes moyennes, voire moyennes supérieures votent à gauche.
Je me souviens d'un texte que j'avais rédigé à l'issue du TCE, titré " Ils ont voté et puis après ? " Le contenu expliquait dans les détails cette inversion en marche et que je craignais irréversible. Publié dans différentes sphères son contenu me valu une attaque en règle en plein conseil municipal de St Nazaire par les camarades du PCF. Les faits, la réalité sont hélas de façon chronique inférieurs à l'idéologie et à ce conformisme politique qui les paralyse. Marx ne disait-il pas que seuls "les faits sont révolutionnaires ? "
Cette seconde inversion est imputée aux gouvernements de gauche sous Mitterrand et Hollande. On se donne ainsi bonne conscience en croyant et surtout en faisant croire que lorsque la gauche ne même pas une politique assez à gauche alors les électeurs votent à droite, ou à l'extreme droite. Pour que ce simplisme de l'analyse politique de super marché soit crédible, ils devraient voter NPA ou LO, qui eux sont manifestement plus à gauche que les gauches elles-mêmes, y compris LFI !
La troisième inversion.
J'entre là sur un terrain si sensible, qu'il me semble plus marécageux que le marais de Brière inondée ou j'habite. Bien sur la gauche dans son ensemble et avec ses différences internes est marque culturellement par la question coloniale et par l'esclavage. Je porte intrinsèquement cette question fondamentale.
Néanmoins, doit-elle nous obliger à un aveuglement qui conduit à une analyse et des actions très contestables ? Les religions ont sensiblement imprégnés ces territoires, parmi elles se trouvent les extrémistes les plus fous qui veulent faire de l'Islam un Etat. Ils incarnent depuis des années le terrorisme font reculer les droits fondamentaux dans leurs pays, les femmes sont les premières à en subir les conséquences, les opposants sont décapités. Ce fascisme là n'est pas dénoncé par la gauche ou alors avec une timidité consternante.
Cette gauche éprise des droits des femmes le fait de manière sélective et les féministes occidentales et bien sur françaises en font partie.
Aujourd'hui lorsque les citoyens regardent, observent, écoutent avec lucidité, ils sont comme moi avec mon petit logiciel de bac moins quatre, ils voient, nous voyons les condamnations sélectives en serrant les dents. Le dire conduit de facto à être assimilé à l'extrême droite qui elle pour d'autres raisons, à d'autres fins ne manque pas de dénoncer une barbarie que la gauche coincée occulte de façon sidérante.
C'est être raciste de condamner sans ambiguïté ce que ces fachos islamistes font vivre à leurs peuples, aux musulmans qui sont les premières victimes ?
C'est être facho de dénoncer le pogrom du 7 octobre en Israel au motif que des terres auraient été colonisés? Moi, je me refuse contrairement à LFI à voir des actes de résistance dans la barbarie et le terrorisme aveugle de cet Islam. Il combat par les attentats sur son sol et en occident tout ce qui ne lui ressemble pas. Ce serait être de droite que je dénonce ces agissements au motif que le RN le fait ? Et alors, faut-il laisser au RN les questions que nous sommes incapables de résoudre comme l'insécurité réelle ou ressenti ? Faut-il lui laisser également le champs de l'immigration clandestine au motif que nos ancêtres ont colonisé ces pays?
Cette repentance éternelle est mortifère, elle conduit la gauche à abandonner tous les terrains sensibles à l'extrême droite. Je ne l'accepte pas. Je préfère le courage de l'inventaire, de l'analyse puis de l'action pour que demain, le salariat électoralement perdu revienne, pour que les forces progressistes, écologistes soient en symbiose avec leur environnement, tout simplement avec la société.
Qu'importe si c'est difficile, s'il faut revoir les logiciels politiques. Le courage n'est-il pas de chercher la vérité et de la dire ? Qu'importe si je suis encore une fois insulté et condamné par les Luky Luke de l'analyse politique.
Gilles Denigot. 21 Octobre 2024.
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